Comment prévenir le coup de chaleur chez votre chien ?

animheureux le coup de chaleur chez le chien

 

 

En ce moment, on voit très souvent des conseils pour que nos chiens gèrent au mieux les périodes de canicule. Et j’avoue, c’est très bien ! Il vaut mieux prévenir que guérir !

 

 

Mais vous me connaissez, j’ai un esprit un brin scientifique et surtout curieux, et j’ai toujours envie d’en savoir plus. Du coup, j’ai fouiné sur le net et je voulais vous faire part de ce que j’ai appris (ben oui, ce n’est pas moi qui l’ai inventé…d’ailleurs, je crois que je n’ai rien inventé du tout de toute ma vie, haha !!!)

 

 

 

Je me suis donc intéressée au mécanisme (ha zut, ce n’est plus de la science, mais de la mécanique, maintenant !) que le corps du chien utilise pour s’adapter à son environnement quand la température de celui-ci change. 

Pour commencer, il faut bien comprendre que le chien est un animal dit homéotherme, c‘est à dire de maintenir sa température corporelle interne dans un intervalle de température fixé autour d’une médiane de 38,5 °C malgré de grandes variations de température ambiante et indépendamment de son activité physique. Enfin çà, c’est possible dans une certaine limite ! Lors d’une exposition à une chaleur trop importante ou d’une activité physique trop intense pendant une trop longue durée, la température du chien peut se située au-delà de 40,5°… Dans ce cas, les mécanismes de thermorégulation sont dépassés et c’est là que le coup de chaleur arrive.

 

Comme on pourrait comparer la prise ou non de poids qui résulte de la différence entre l’apport de calories par le biais de l’alimentation et la dépense de calories par le biais de l’activité physique, la température corporelle du chien est également le résultat d’un apport et d’un déficit. L’équilibre dépend des gains de chaleur liés à l’environnement , mais aussi à la production métabolique c'est à dire par le corps lui-même (notamment la chaleur produit pour le métabolisme de base, celle produite par la digestion donc indirectement la prise alimentaire, celle produite par la contraction musculaire donc indirectement par l’activité physique) et les pertes de chaleurs commandés par le système nerveux spécifiques à la thermorégulation ( pour les très curieux , situé au niveau de l’hypothalamus antérieur). Il existe également des thermorécepteurs au niveau de la peau, des viscères et de la moelle épinière.

Quand ces récepteurs perçoivent une augmentation importante de la température, le corps mets en place tout un système de réactions qu’on appelle la thermolyse pour tenter le retour à l’équilibre.

 

La thermolyse agit par le biais de 4 principes différents : la conduction, la convection, la radiation et enfin l’évaporation.

La conduction est l’échange de chaleur par contact entre la surface corporelle et le sol. Quand le chien est debout, le contact du corps avec le sol est limité au seul bout des pattes. On dit à tort que le chien transpire des pattes, en fait les traces sur le carrelage ne sont pas dues à la transpiration, mais au « choc thermique » entre la température du sol et celui du corps de l’animal. Pour augmenter cet échange thermique dans le but de faire baisser sa température corporelle, le chien va s’allonger le plus possible.   Donc si votre chien s’étale à même le sol (au milieu du passage en plus !), plutôt que de se mettre en boule dans son tapis comme vous lui avez demandé, ce n’est pas pour vous enquiquinez, c’est pour réguler sa température ! Et s’il change souvent de place, c’est bien évidemment parce que le sol est devenu trop chaud pour que la conduction demeure efficace.

 

La convection est l’échange de chaleur entre la surface corporelle et l’air. Le corps de l’animal étant entouré d’air, on pourrait penser que la convection est un système efficace chez le chien. Mais dans les faits elle est limitée par le poil isolant de nos compagnons. Donc si votre chien fait une bonne mue, (et en plus laisse traîner ses poils sur le canapé), ce n’est pas pour vous enquiquinez ; c’est pour régulez sa température ! L’air est un peu comme le sol, du fait de la convection, si l’animal ne bouge pas (et il bougera le moins possible, puisqu’il a chaud), l’air qui l’entoure se réchauffera…sauf s’il y a du vent, c’est-à-dire que l’air se renouvelle à la surface du corps !  

 

La radiation c’est l’échange de chaleur par rayonnements infrarouges entre la peau et l’environnement. Contrairement à l’humain pour qui 60% des pertes de chaleur sont faites par le biais de la radiation, chez le chien, la thermorégulation par radiation est dérisoire toujours du fait de sa jolie toison … et d’autant plus si celle-ci est noire (car c’est la couleur qui emmagasine le plus la chaleur). Donc si votre chien est noir, il souffrira davantage de la chaleur, et ce n’est pas pour vous enquiquinez ; c’est parce que vous l’avez choisi ainsi (OK je me tais 😉) !  

 

L’évaporation, c’est à dire textuellement la perte en eau, chez l’humain, vous connaissez tous : on transpire ! Chez le chien, c’est différent. La perte d’eau par évaporation va se faire par l’augmentation de la salivation et des sécrétions nasales lors de l’halètement. Donc retenez bien que lorsque le chien halète (près de votre visage en plus !), bave un peu, ce n’est pas pour vous enquiquinez, c’est pour réguler sa température !  

 

Maintenant que vous savez tout sur la thermolyse, vous comprendrez facilement comment rafraîchir efficacement votre chien … et ce n’est pas les « on m’a dit que », c’est la science qui vous guidera (ha !  Ce sacré esprit scientifique !!!) 

 

Pour améliorer la thermorégulation de votre chien en phase de canicule, et donc prévenir le coup de chaleur, vous pouvez donc :

 

1/ Jouer sur l’apport de chaleur en le minimisant au maximum :

  •  Le mettre au frais (ben oui, ça c’est supra efficace, il ne faut l’oublier !) donc rentrer votre chien dans la maison, s’il fait moins chaud dedans que dehors !
  •  Ne le forcez pas à manger s’il rechigne sur sa gamelle. Rappelez vous la digestion augmente la production de chaleur du corps
  •  Minimisez au maximum son activité physique. Rappelez vous la mobilisation musculaire favorise elle aussi la production de chaleur.

2/Jouer sur la perte de chaleur en la favorisant au maximum :

  •  Encouragez-le à boire régulièrement si besoin en changeant régulièrement sa gamelle d’eau par une plus fraîche. Boire lui permettra d’avoir une perte de chaleur par évaporation bien plus efficace. Le fait de proposer des « Kong glacés » n’a pas d’effet direct pour baisser la température interne du corps, mais si le fourrage est suffisamment aqueux (en intégrant du bouillon, des morceaux de pastèques, etc.) c’est un bon truc pour favoriser l’apport en eau au final.
  •  Laissez lui l’accès à un ventilateur si besoin en le désensibilisant avant à cet outil bizarre. Le renouvellement d’air régulier améliorera grandement le mécanisme de convection.
  • Brossez-le ! Pour alléger au maximum sa toison en élimant le poil mort et  la rendre moins isolante. Certains conseillent même la tonte. J’avoue qu’au départ, j’étais un peu réfractaire à ce système, mais au final, c’est un bon moyen d’augmenter la perte de chaleur par radiation surtout pour les chiens au pelage foncé , donc pourquoi ne pas essayer … qu’en pensez-vous ?
  • Baignez-le régulièrement. Baignez le chien sera bien plus judicieux que simplement l’arroser. En effet, l’effet de la convection est 25 fois plus efficace dans l’eau que dans l’air du fait de la capacité thermique massique très élevée de l’eau (cad la capacité à accumuler de la chaleur) !
  • Et au moins laissez-le s’étaler là où bon lui semble ! Lui seul est capable de percevoir si le mécanisme de la conduction est encore optimal.

 

J’espère que comme moi, vous vous sentez désormais mieux armé pour faire face à nos étés qui s’annoncent désormais de plus en plus chaud. Et au moins le temps que vous aurez pris à lire … et comprendre cet article, c’est autant de temps en moins que vous aurez pris à faire courir votre chien ! C’est toujours çà de gagner !  

 

Photo de Roberto Nickson provenant de Pexels