Comme vous l’avez peut-être constaté sur notre page Facebook, le week-end dernier a été fort studieux de mon côté (lien fb). Ayant déjà fait un voyage à Paris pour formation professionnelle en septembre, j’avais fait une croix sur le congrès PET REVOLUTION qui devait se dérouler, à Paris également, les 5 et 6 décembre derniers …Car oui, les voyages sont formateurs mais ils sont également couteux et il faut parfois faire des choix !
Alors comme il faut voir les choses positives, je remercie le contexte Covid de m’avoir permis d’assister à ce congrès en visio depuis mon salon ! Et vraiment, vraiment aucun regret ! Le PET REVOLUTION, par le biais des intervenants, des thèmes abordés a démontré que le bien-être animal est LA nouvelle priorité des foyers humains et de ce fait, que notre métier d’éducateur canin comportementaliste a de l’avenir.
Contrairement aux séminaires auxquels, j’ai l’habitude de me rendre (et qui malgré tout, sont hyper intéressants), le PET REVOLUTION a eu la magnifique idée de ne pas se cantonner à nous parler technique, outil, protocole mais plutôt science, éthique et devenir. C’était tout simplement passionnant de rencontrer ces conférenciers tous plus érudits les uns que les autres, mais néanmoins capable de transmettre leur savoir avec clarté et bienveillance !
Alors, très brièvement, parce qu’il faudrait des pages et des pages dans le cas contraire, voici les sujets qui m’ont le plus marqué.
La science pour comprendre les troubles du comportement chez le chien
Tout d’abord, les études scientifiques, que nous a présenté Boris CYRULNIK, Laurent NAGLE et Clive WYNNE, confirment que le prétendu fossé cognitif qui sépare l’humain et l’animal est en train de considérablement se réduire. Les animaux domestiques, mais aussi sauvages, éprouvent des émotions (mais là, je prêche en terrain conquis), perçoivent nos intentions (amicales ou hostiles), et le chien en particulier a des capacités à comprendre notre langage corporel, mais aussi verbal ; qu’il est capable de conceptualiser et donc répondre à des demandes de son conducteur sans que celles-ci aient été préalablement apprises !
L’exposé de Pierre JOUVENTIN a mis en accord Darwin et Lamarck, qui avait découvert tous les deux une part de vérité : le milieu contrôle l’expression des gènes. Cette notion récente qu’est l’épigénétique est fantastique pour notre profession ! Savoir qu’un gène bien présent dans les cellules d’un être vivant, s’exprimera un peu, beaucoup, voire pas du tout en fonction du milieu dans lequel l’animal grandit. Et le plus surprenant vient du fait que ce processus n’est pas figé, que cette modification est possible même plusieurs années après la naissance. Cela nous conforte dans le fait de toujours garder espoir en l’amélioration comportementale de nos chiens, même s’ils ont vécu dans des conditions non optimales, ou souffert de traumatismes ! Bien évidemment, cela ne veut pas dire que les concepts d’attachement, de socialisation sont à jeter à la poubelle, loin de là, ils sont primordiaux, mais tout n’est pas figé et le corps a des capacités inespérées de résilience et d’adaptation !
Laurent JOUVENT a poursuivi sur ce domaine passionnant des neurosciences, en revenant sur les notions de neurones miroirs, qui nous permettent de vivre en réelle synchronisation et harmonie avec nos animaux domestiques. Il a également vulgarisé avec beaucoup de pédagogie les possibles dérèglement du circuit de la récompense et du système d’alerte de nos cerveaux (oui, il y a là aussi énormément de similitude entre l’humain et le chien, ces espèces ayant un encéphale particulièrement développé) jusqu’à expliquer comment fonctionnent les anxiolytiques et antidépresseurs, qui sont de plus en plus utilisés pour traiter des troubles de comportements de nos chiens.
La prise en charge des troubles de comportements chez le chien en médecine vétérinaire.
Ce sujet des pathologies comportementales de nos animaux de compagnie a été débattu par deux vétérinaires et on voit qu’à l’heure actuelle, sans jamais nier leur existence, la manière de les aborder en médecine vétérinaire ne fait pas consensus !
Tous deux sont évidemment d’accord sur la nécessité de venir à l’aide de l’animal et de son foyer, de procéder de façon éthique et bienveillante.
Claude Beata, représentant des psychiatres vétérinaires, estime que les troubles du comportement chez le chien témoignent d’une réelle maladie et que le traitement médical basé sur la mécanique des neurotransmetteurs (antidépresseurs notamment) est indispensable. Ces traitements permettent de redonner au cerveau sa plasticité et donc induisent la réversibilité des symptômes constatés, par le biais d’une thérapie conjointe (ouf, les psychotropes, à eux seuls, ne suffisent pas !!!).
Antoine Bouvresse, vétérinaire comportementaliste, dénonce le fait que, contrairement à la médecine humaine qui a défini exhaustivement 21 troubles mentaux dans un recueil international (Le DSM 5), il n’y a encore aucun état des lieux des dysfonctionnements pathologiques en médecine vétérinaire. Impossible donc de dire si les pathologies comportementales sont sous ou surestimées. Dans sa pratique comportementale, Antoine Bouvresse se focalise d’abord sur l’adéquation du milieu avec l’animal (respect des besoins fondamentaux, communication inter/intra-espèce) visant une réversibilité spontanée des symptômes comportementaux avant d’envisager un traitement médicamenteux.
J’avoue que jusqu’à ce jour, c’est tout à fait ma manière de procéder également et comme Antoine Bouvresse, je pense sincèrement que la société humaine ne fait pas les choses correctement pour améliorer le bien-être de nos animaux. Finalement, c’est la démocratisation des examens par IRM qui pourra, à l’avenir, trancher sur la place des psychotropes et de la thérapie en rééducation comportementale. Vivement demain, donc ! (C’est étrange cela me rappelle le débat sur l’inné et l’acquis qui a divisé les scientifiques durant plusieurs siècles !).
Avant demain, quel bonheur de voir Thierry BEDOSSA, Sarah JANIN, Jasmine CHEVALIER témoigner de cette nouvelle tendance de prise en charge pluridisciplinaire (vétérinaires, éducateurs canins, psychologues pour humain, éthologues…) vis-à-vis des problèmes de comportements de nos chiens. Chacun œuvrant dans son domaine de compétence, mais tous de concert et dans un même but : aider l’animal et son foyer.
Comme je vous l’ai dit au début, je ne détaillerai pas toutes les conférences, même si les interventions de Delphine MORALI et Véronique SERVAIS, témoignant d’expériences en médiation animale, de Loïc DOMBREVAL, isabelle VIERA et Magali MAVARET, œuvrant pour l’amélioration du bien-être animal, ainsi que de Anne-Claire GAGNON et Stéphanie VERDU, établissant un constat sur des sujets gravissimes comme la maltraitance et l’abandon, étaient très intéressantes ! Sans oublier celle du Dominique GRANGEAN sur la recherche Covid, de Chaï NORIN sur la douleur et de Patrick MOURATOGLOU sur les méthodes de coaching et de développement des performances, communes à l’humain et au chien.
L’homme et son chien, tant de similitudes !
Je finirai simplement par la participation de 2 de nos collègues éducateurs canins comportementalistes si reconnus dans notre profession que leur place était naturellement évidente au côté de tous ces scientifiques :
Catherine COLLIGNON, éminente spécialiste du clicker training, a partagé des expériences de rééducation fonctionnelle (orthopédique et ophtalmologique) exceptionnelles qui témoignent de l’incroyable capacité de coopération de l’animal, qui va bien au-delà des pratiques classiques de médical training.
Corinne MARTIN, autant spécialiste du chien que de l’humain, a fait un constat inquiétant. Dans ces 2 espèces, on voit de plus en plus de troubles anxieux généralisés, de plus en plus d’hyperactifs, de plus en plus de mal-être d’une façon générale ! Les destins du chien et de l’humain sont liés depuis plus de 15000 ans, mais aujourd’hui, dans nos pays occidentaux, le chien est certainement la seule espèce qui rencontre plus des individus d’une autre espèce que la sienne et qui s’entend mieux avec une autre espèce que la sienne !
Alors, oui, avec PET REVOLUTION la révolution est bien en marche, vers un monde meilleur pour nos animaux, vers une cohabitation respectueuse de l’homme avec le monde qui l’entoure… mais la route est encore longue ! Si comme moi, vous êtes curieux et insatiables sur le comportement canin, l’approche respectueuse de l’animal, abonnez-vous à la newsletter Anim’Heureux, nous ferons un bout de ce chemin ensemble !
En conclusion, voici une phrase qui a ouvert le congrès et qui finalement le résume également très bien :
Plus je connais les hommes, plus j'admire les chiens … et plus je découvre l’animal, plus je connais l’humain !
Écrire commentaire