Renforcement positif du chien, la clé d'un apprentissage sans erreur

renforcement positif du chien

 

 

Pour tout ceux qui sont soucieux du bien-être de l'animal, le terme de renforcement positif du chien est la pierre angulaire de l'apprentissage sans erreur. Aujourd'hui, j'aimerais revenir sur ces deux notions : renforcement positif et apprentissage sans erreur. En effet,  je m'aperçois au fil du temps qu'elles ne sont pas toujours si évidentes. 

Qu'est-ce que le renforcement positif ?

Lorsqu'on parle de renforcement positif du chien, cela signifie qu'on parle également de conditionnement opérant.

Pour faire simple, le conditionnement opérant est une succession de 3 évènements : l'antécédent , le comportement, et la conséquence. L'antécédent est le déclencheur environnemental, au sens large, de l'action. Le comportement est l'action que le chien exécute  quand il est exposé à ce déclencheur. Le renforcement positif est une des conséquences possibles. Pour mémoire ou information, suivant votre niveau de connaissance sur le sujet, la conséquence peut également être un renforcement négatif, une punition positive ou encore une punition négative. Si vous souhaitez davantage de précisions à ce sujet, je vous encourage à consulter ces pages : 

Quand la conséquence est dite de type renforcement positif, c'est qu'un élément est ajouté dans l'environnement et que le chien en tire profit. Par exemple, le chien reçoit une croquette après avoir poser ses fesses au sol, ce comportement faisant suite à la demande "assis" de son maitre. Le renforcement comme son nom l'indique aussi va augmenter la probabilité que l'action (ici, poser ses fesses ) se reproduise face au même déclencheur ( la commande "assis").

 

J'attends parfois certaines personnes dire qu'éduquer son chien avec des croquettes cela ne fonctionne pas. C'est en effet possible, dans trois cas. Le premier, si le timing est mauvais c'est à dire que la conséquence ne suit pas le comportement d'assez près.  Le second, si le processus n'est pas suffisamment répété dans un laps de temps ; on parle de ration insuffisant. Le dernier qui a toute son importance , c'est que le renforçateur offert au chien n'est pas celui qu'il attend ; les croquettes n'ont pas assez de valeur à ces yeux pour qu'il tire profit de cette situation. 

 

 

Qu'entend t'on par apprentissage sans erreur ?

 

Quand on parle d'apprentissage, on fait référence à la définition suivante : processus de mémorisation que l'animal fait pour élaborer ou modifier un comportement unique ou un enchainement de comportements  sous l'influence de son environnement et de son expérience. L'erreur consiste à donner une mauvaise réponse ou à ne pas donner de réponse dans ce processus d'apprentissage. Quand on parle d'apprentissage sans erreur, cela signifie donc que face à un stimulus donné, l'animal ne peut produire qu'une action donnée. 

 

L'apprentissage sans erreur est un concept de plus en plus développé dans le domaine canin, mais aussi chez les enfants et l'humain en général, à cause de ce qu'implique une erreur. Faire une erreur signifie que le renforcement est indisponible (dans le cas d'une occurrence unique) ou différé ( il faut attendre la prochaine occurrence pour le recevoir). Evidemment, avec nos chiens,  notre but est que la mémorisation soit rapide et par conséquent que le renforcement arrive le plus souvent possible . C'est donc dans un souci d' optimisation du  processus qu'on fait le choix d'un apprentissage  sans erreur.  

Pour arriver à ce processus, il est indispensable de maitriser parfaitement les paramètres de l'environnement. Il est en effet impossible de demander à votre chien d'apprendre la marche en laisse sans tirer si vous travaillez avec des distractions aux alentours ! Opter pour un apprentissage sans erreur est donc un choix de l'enseignant. Celui ci doit placer son apprenant dans des conditions optimales pour contrôler l'unicité de stimulus ( les distractions sont en fait des stimuli). Il doit s'assurer que l'apprenant non seulement ne se trompe pas , mais sache quoi répondre à chaque présentation du stimulus. L'apprentissage sans erreur doit donc être planifié en une succession d'étapes extrêmement simples pour être réalisable. 

 

En théorie, l'apprentissage sans erreur est un processus rapide et solide, mais en pratique, il est  très difficile à mettre en œuvre car il demande des conditions digne d'un laboratoire. 

 

Est-ce la meilleure façon d'éduquer son chien ?

Quand bien même on arriverait à contrôler l'environnement de manière adéquate et à prévoir un plan très détaillé, peut-on affirmer que l'apprentissage sans erreur est la meilleure des solutions. En d'autre terme, l'erreur est-elle si néfaste ?

 

Nous avons vu que l'erreur signifie, pour l'apprenant, une absence de renforcement. L'erreur est souvent associée à une émotion négative mais c'est, pardon pour la tournure de phrase, une erreur !  L'erreur est simplement une information.  L'émotion ressentie en situation d'erreur,  n'est pas toujours négative ... Quand elle est négative, ce n'est pas l'erreur en elle même qui est problématique, c'est la peur de faire une erreur. Dans cette situation, l'erreur devient inhibitrice : on ne produit plus de comportement de peur de se tromper.  L'émotion ressentie en situation d'erreur peut être positive. C'est alors la notion de challenge, de dépassement qui prend le dessus. L'erreur va ainsi provoquer une nouvelle dynamique : on produit du comportement parce qu'on veut à tout prix réussir !  

 

Un autre point discutable en ce qui concerne l'apprentissage sans erreur est relatif à la notion de frustration.  En situation d'apprentissage sans erreur, l'apprenant est à tout moment en réussite. Il obtient son renforçateur à chaque fois, sans attendre, donc l'apprentissage sans erreur engendre, par définition, zéro frustration.  Mais, vous en conviendrez, dans la vraie vie, on doit faire face à  des frustrations. Et pour apprendre à gérer les frustrations, il n'y a pas cinquante façons de procéder : il faut en faire l'expérience !  Par conséquent, si l'enseignant fait le choix d'un apprentissage sans erreur, il doit également prévoir un apprentissage indépendant pour la gestion de la frustration. Dans le cas inverse, l'apprenant aura des difficultés d'adaptation aux  situations nouvelles, elle-même sources éventuelles de frustration. 

 

Evidemment, je vous laisse libre de votre choix en terme d'apprentissage et donc d'intégrer l'erreur ou pas dans votre processus d'apprentissage. Personnellement, je pense qu'il est primordial d'éprouver de l'empathie pour l'apprenant  et de faire de son mieux pour lui faciliter la tache : procéder par petites étapes faciles et contrôler autant que possible l'environnement. En procédant ainsi, vous vous assurez que l'apprentissage sera un processus valorisant pour l'apprenant et qu'il renforcera la relation entre l'apprenant et l'enseignant. Mais pas pitié,  ayons aussi un peu d'empathie pour l'enseignant. Le droit à l'erreur est permis !  Clamer à tout prix que l'éducation canine positive doit désormais se faire par le biais d'un apprentissage sans erreur est presque contre productif : on ne se lance plus dans l'apprentissage !  Si malgré toute votre bonne volonté, votre processus d'apprentissage se révèle ne pas être totalement sans erreur, il ne faut pas vous en vouloir mais plutôt  voir cela comme une opportunité de préparer votre chien à la frustration !  Comme toujours, je pense sincèrement que la modération est bien meilleur que tous les extrêmes. J'attends vos commentaires ! 

Écrire commentaire

Commentaires: 0